Lorsque nous partons à notre tour , Mikael et Maëli nous accompagnent jusqu’ au bas du talus ; nous nous embrassons , nous allons nous revoir bientôt .

En me retournant je vois une myriades de lumières dansant autour d’eux  enlacés il

nous font au revoir tandis qu’un violon chante à nouveau….

Mihiel chante sa Joie…..  Invisible mais combien Présent ! 

La première étoile s’allume quand nous arrivons à Chantalouette

Berger  vient se faire caresser .

« Le Jardin à Bouquets »d’Angèle soupire de bonheur en exhalant ses parfums , un rossignol chante sa mélodie.

Dans la brise de la nuit , il me semble entendre Angèle murmurer

« Tout est à sa place ma m’gnonne ! »

Oui tout est à sa place !

Tous les deux nous restons longtemps assis  sur la vieille balançoire de mon enfance savourant ces moments de plénitude.

La lune navigue dans son halo argenté .

A l’aube une brume laiteuse opalise le Jardin à Bouquets d’Angèle , le verger .

Le chemin creux est estompé par ce voile vaporeux .

Grand-mère donnait le joli nom de–« Lait des Fées » à cette brume avant que l’aurore n’apparaisse .

Lorsque celle-ci arrive à son apogée elle devient

-«  Brume de Soleil » .

Je garde précieusement ce langage de celle qui m a initiée aux merveilles de la Nature enchanteresse et à celles de l’Invisible si présent dans nos vies .

-« Les liens indestructibles de la Tendresse

Se tissent en Harmoniques d’Or

A travers le Temps et l’Espace ….. »

              Terminé  le 10 Juillet.2003

Chanteplume

  Entrant dans la chambre haute , rien ne semble avoir changé ; sur la « maie » le chandelier a retrouvé sa place , à ses côtés la photo du souvenir dans un cadre d’argent , la longue table , les bancs , la fenêtre ouverte sur les arbres , jusqu’ à la clématite qui fait la curieuse en glissant ses fleurs dans l’embrasure de cette dernière .

Maëli souriante , nous invite à prendre place .

   Elle étend une nappe blanche sur la table ; Mikaël y dépose….une miche de pain….des fruits dans une corbeille…Maëli deux pots de confitures faites maison… l’émotion nous étreint lorsque Madeleine arrivée doucement dépose…quelques carrés de chocolat….Un violon chante…nous l’entendons tous…celui de Mikaël est resté sur le tabouret en bas prés des marches…

Un froufroutement d’ailes , un roucoulement….

  Par la fenêtre ouverte entre une colombe qui volette autour de nous  pour venir se poser sur l’épaule de Maëli ; à ce moment croisant son regard j’ai la certitude qu’elle attend un enfant ;elle me sourit un doigt sur ses lèvres –« chut » me dit elle cœur à

coeur . Je lui rends son sourire , je comprends que Mikaël n’ a rien deviné ; avec moi

son secret sera bien gardé . Madeleine est partie assez tôt . ...

« L’Embellie…. » enfin !

   Au printemps suivant nous sommes à Chantalouette. Un matin tout bleu de soleil , un peu avant midi nous sommes surpris d’entendre un air de violon ….

A travers le verger et le Jardin à Bouquets d’ Angèle Mikaël nous rejoint son violon contre sa joue… Quel bonheur de le revoir encore plus beau  , plus rayonnant ; après avoir posé ce dernier sur le banc de la tonnelle ce ne sont que rires et embrassades .

Sans paix ni patience il n’a de cesse que nous le suivions .

Laissant Chantalouette à la garde de Berger notre chien , nous le suivons sans poser de questions par le chemin creux ombragé d’aubépines .

Depuis longtemps , le sentier menant au Moulin de L’Embellie est impraticable…

Notre surprise est grande en arrivant aux Quatre Chênes de découvrir le dit sentier suffisamment dégagé pour que nous puissions l’emprunté en file indienne ,Mikaël devant , moi au milieu et Jean fermant la marche.

   Les oiseaux chantent à gorge que veux tu ; la pénombre sous les arbres se teinte  de vert et d’or. Le sol moussu est élastique sous nos pas nous allons silencieux, des myriades de souvenirs viennent à notre rencontre !

Comme autrefois nous surgissons au bord du ciel .

Aux  pépiements des oiseaux soudain se joint une voix de femme chantant une cantilène .

  Une brume de soleil baigne le Moulin de L’Embellie chapeauté de tuiles neuves ,éclatant de blancheur sous son manteau de clématite , le ruisselet  «  chantuse ».

Nous remarquons tout cela en descendant les marches taillées à même le talus ; le rosier de Yonah voisine avec des myosotis…l’églantier d’Angèle et de Philibert s’arrondit en tonnelle autour du pilier de pierre !

  Tous les deux nous sommes émus de voir une telle métamorphose de ce lieu si cher à nos cœurs.

Mikaël appelle-« Maëli , viens » une jeune femme aussi blonde qu’il est brun apparaît  dans l’embrasure de la porte , descend la volée des marches usées , se précipite dans ses bras….

-« Voici Maëli, ma femme » nous dit il fièrement et comme il a raison .

Elle ressemble à un page Florentin sous sa courte chevelure bouclée d’un blond si pâle qu’elle semble argentée ; elle en a la grâce viveAvant de gravir les marches Mikaël pose son violon du même geste que Mihiel ,sur le tabouret de bois qui semble être là depuis tout ce temps d’avant . ..

à suivre...

Quand il repart  il emporte  l’ écrin et son précieux contenu….mais avant , il tire de son portefeuille une photo d’amateur ancienne sur laquelle je reconnais parfaitement Mihiel  son violon à la main , Yonah Jonathan , les petites Sarah et Judith , le bébé Mirïam n’était pas encore née à cette époque .

C’est le seul trésor que Jonathan lui aie transmis.

Ils y sont rayonnant de bonheur , la grande tourmente n’était pas encore passée !

« A vous revoir bientôt »il nous quitte sur ces mots non sans m’avoir serrée fort contre lui et embrassée (mon Dieu qu’il est grand !) ;Jean et lui s’étreignent de cette étreinte masculine faite de tendresse et de respect si rare , qui m’émeut toujours !

  « A bientôt » à –t’il dit ; nous sommes confiants.

Un matin nous recevons une corbeille de roses blanche ennuagée de gypsophile et de myosotis ; une carte y est jointe portant ces mots-« Je ne vous oublie pas . Votre Mikaël ! » elle vient d’Italie .

Quelques semaines après un autre présent arrive

d’ Angleterre ; où qu’il soit un signe nous parvient même s’il est au bout du monde .

Il parcourt la planète de concerts en récitals .

Avec précaution il prend le chandelier entre ses mains , le caresse , le palpe ,de ses longs doigts d’ artiste , le retourne .

Le temps s’arrête…seuls le ronronnement de Mitzi la chatte , le tic tac de la pendule , le frôlement du vent dans le feuillage du peuplier d’Italie-« habitent »cet instant . Il regarde longuement l’étoile , le M et la Colombe entrelacés , ses mains tremblent un peu… Je soulève le fond de velours pâli , en retire le mince feuillet et le lui tends .

Doucement  il pose le chandelier sur la table , afin de déplier le fragile témoin…il tressaille en lisant les noms. Quand il relève la tête , des larmes brillent dans ses yeux , coulent sur son visage , il les balaie d’un revers de main comme font les enfants . Puis, se levant ,va vers la porte fenêtre grande ouverte sur le jardin , le froissement de la pluie d’été rejoint les sons familiers de la maison . Jean et moi sortons de la pièce pour le laisser à ses retrouvailles émouvantes .

Alors que je prépare le thé , je le perçois derrière moi. Il m’enveloppe de ses bras appuie sa tête contre la mienne , je sens son souffle dans mes cheveux pendant un court instant nous restons ainsi ; puis il rejoint Jean sur le seuil de la porte de la cuisine ; la pluie s’est arrêtée , ils vont par le jardin l’un prés de l’autre marchant du même pas…puis reviennent .

Nous ne parlons pas…

les Présences invisibles de Ceux de L’Embellie nous accompagnent…

quand les cœurs parlent les mots sont inutiles !