« Et s’il était là quand même…. on sait jamais » chuchote Méleine…
-« Qui sait…va donc savoir… y’a tant de chose qu’on ne sait pas et qui existent….ça me surprendrait pas… » répond Silvère !
Méleine sert le café , beurre le pain soigneusement ; Silvère tourne la petite cuillère dans le bol posé devant lui , en boit une gorgée pensif...
Ils se regardent tendrement , assis l’un en face de l’autre , Silvère pose une main sur celles de Méleine , ils ont l’air de deux toutereaux…
-« Je vais allé voir si quelqu’un l’a vu », dit Silvère .
-« Ah ! oui , et que diras tu ? tu te souviens comment il est ? »
-« Pour sûr que je sais comment il est….de taille moyenne , solide , brun aux yeux marron , recuit par le soleil…et son rire ah ! oui »
-« Mais non Silvère…il grand , blond avec des mèches presque blanches par le soleil , les yeux clairs ; tu as raison quand tu dis qu’il est bronzé pour ça , sûr il l’est , il est tanné comme les coureurs de chemins.
Moi c’est son sourire , tu as vu son sourire ? j’en ai jamais vu de pareil »….Eberlués ils prennent conscience qu’ils ne se souviennent pas ne voient pas Toussaint de la même façon… Mais au fait comment est il vraiment ? Qui a tort , qui a raison ? ils n’en savent…Rien !
Ils en sont là lorsque Nadal les rejoint tout excité :
-« Méméleine , Papidou cette nuit j’allais au « p’tit coin » et j’ai vu Toussaint…y partait sans faire de bruit et il était tout brillant de lumière et y’avait pas d’lampe allumée . J’l’ai appelé , il a pas répondu alors j’ai couru derrière lui pour le rattraper , je le touchais presque je l’appelait « Toussaint , Toussaint où tu vas ? reviens….»
Il a disparu j’sais pas où…j’suis allé dans le jardin , j’ai regardé partout même dans la rue…y avait personne…même pas de bruit de pas…mais du côté d’la mer y’avait une grande lumière que la nuit a avalée…comme ça « vlpp ». Alors j’suis allé vous voir , j’vous ai appelé mais qu’est ce que vous dormiez fort…en vous donnant la main !
J’ai retourné dans ma chambre , et …sur mon lit y’avait la Coquille de Toussaint , regardez comme elle belle , pas comme avant regardez , j’suis sûr c’est un cadeau ? C’est lui qui l’a faite comme ça » !
Dans la main de Nadal la Coquille brille comme une opaline !
Dans le pays , ils ont entendu parler de ce Passant pour les uns , ce Pèlerin pour les autres…ce Vagabond pour certains , que personne ne décrit de la même façon , il y en a qui ne l’ont pas Vu du tout….
Mais tous ceux qui ne dormait pas cette nuit là , tous sans exception ont Vus la grande lumière avalée par la nuit !« Ce sont des histoires…. Ça s’peut pas…Bah !y’en a qui boivent trop » disent les mêmes quand ils rencontrent les autres qui tiennent les mêmes propos à certains qui n’y comprennent rien….
Méleine Silvère et Nadal leur petit fils savent ce qu’ils savent mais n’en soufflent mots à personne et gardent
Le Secret du Passant….Le Pèlerin de Saint-Jacques !
…. De temps en temps la mélopée de Toussaint
Frissonne autour et dans la maison !
… « Souviens toi , la rue était déserte…
Pourtant il était là subitement… »
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L'étranger E. Calabria - B. Massey / E. Calabria - B. Massey - E. Marnay |
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Il est arrivé à l'heure où le soleil rougit les blés Marchant derrière un mur d'alouettes éparpillées Portant sa veste au bras, le front ruisselant d'été Soulevant la poussière d'un chemin brûlé Moi, Dieu me pardonne, je n'ai vu que lui Et je lui ai donner à boire l'eau du puit
Il a goûté l'eau tiède, son visage tout près du mien J'ai voulu dire, quel est ton nom l'étranger Je l'ai vu rire, puis il m'a embrassée Le ciel s'est ouvert comme une fleur Le vent s'est levé dedans mon cœur Et le jour lui-même a changé de couleur J'ai confondu le jour avec la nuit Je me suis endormie auprès de lui De lui...
Où peut-t-il être en ce moment Aux creux d'un lit de blés, j'étais seule en m'éveillant Je sais qu'après avoir changé cent fois d'horizon Il reprendra le chemin de ma maison Un beau jour à l'heure où le soleil rougit Il viendra boire l'eau du puit
Au plaisir de nous retrouver pour de nouveaux textes coulant de la même source
Jeanne la Chanteplume
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