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Au Soleil de ma Vie... Clair du Soir
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6 mai 2009

Allumer le four

Y aura d’l’ ouvrage à faire : c’est la veille de la Saint Michel , faudra allumer le four. Jean t’ iras chercher l’bois dans la petite remise du fond. Dormez bien ! »

     dormirAussitôt avoir regagnés notre chambre aménagée dans l’ancien grenier à foin , épuisés par tant d’émotions nous nous endormons comme des enfants. 

Au chant du coq , j’entends Angèle aller et venir  l’odeur du café-chicoré , celle des crêpes montent jusqu’à nous …elle nous appelle-« Jean mon valet viens-t’en y faut qu’t’allumes le four sitôt qu’t’auras fini de manger ». Je me demande ce qui la presse ainsi…-« en deux temps , trois mouvements »nous la rejoignons dans la vaste cuisine ouverte sur le jardin

L’aurore glisse comme une danseuse sur les rondeurs des pommiers dans le verger…dehors il fait frais . Nous nous éclaboussons d’eau dans l’auge de pierre .

   Un-« v’nez mérander les petits » nous interpelle ; dans le patois de grand’mère-« mérander » signifie  manger. Tandis que nous dégustons notre petit déjeuner , elle s’affaire : ouvre la maie y verse de la farine ; de l’eau ( tiens elle ne mets ni sel ni levain)  et commence à les mélanger d’une main légère . Elle s’active en gestes vifs et précis. Lorsque la pâte roule en boule souple elle la recouvre d’un torchon tiré du bahut . Captant mon regard surpris , elle y répond par un-«  t’ occupes pas ma m’gnonne » !   four_C3_A0pain2Jean , après avoir balayé le four le remplit de fagots secs et de quelques bûches puis y glisse en dessous un brandon enflammé , aussitôt ceux-ci s’embrasent. Les flammes s’enroulent sur elles mêmes gênées par la voûte du four qu’ elles lèchent de leurs langues vermeilles. Doucement il en ferme les portes à demi ; le feu ronfle de rage .Puis quelques instants après il les referme complètement. Le grondement sourd des flammes s’atténue en longs soupirs .    Après une demie heure , le four, ouvert révèle les braises rougeoyantes : , Jean les retire à l’aide de la pelle à feu et les recueille dans-«  l’étouffoir » . Ensuite. il passe une serpillière emmanchée à la dite pelle dans ce dernier pour en atténuer la chaleur qui s’évapore en volutes blanc.

   PETRIREPendant qu’ il s’active ainsi ,grand’mère et moi pétrissons la pâte du bout des doigts , avant de l’étirer en longs rubans souples qui se déchirent. Nous aplatissons chaque morceau de la paume de la main pour en faire ce qu’elle appelle-« des tourteaux » . Puis , nous les déposons dans les paillons » afin que la pâte se repose . A l’aide de la pelle à longue queue , Angèle les enfourne à même la sol chaude du four où ils vont cuire doucement , prenant une couleur ivoire un peu roussie sur les bords…mais moelleux à cœur , malgré leur air tristounet. L’après midi nous allons voir la parenté la plus proche. Nous revenons à la lune montante après avoir soupé chez tante Gemma une des sœurs de grand’mère. La nuit est claire , nous traversons les prés en passant les échaliers .

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4 mai 2009

Silence

u17640452Pas une voix, pas un chant , ni de  notes charmeuses le silence règne en maître .Tous les deux nous descendons le talus .Il nous semble être dans un lieu sacré ; nous marchons doucement , sans parler !Le pommier est énorme .

En transparence Ils sont là :comme dans un rêve.  Jean m’appelle je le rejoins…il se tourne vers moi  dans un éblouissement je-« vois » Mihiel écartant les branches basses de l’églantier.

  De sa main tendue il me montre le pilier sur lequel s’appuie l’arbuste ; sur celui-ci est gravé dans la pierre tachée de brun : une étoile… une colombe et un M entrelacés ! Je le revois de dos  près de ce même pilier il y a dix ans…. 

C’est cela qu’il faisait ! Subitement , tout se brouille…le sourire de Mihiel  m’éblouit , je suis comme suspendue dans l’espace , fragile…la voix de Jean me parvient de très loin…. –

« Reviens ,reviens ! » un balancement léger , j’ouvre les yeux dans ses bras , il me serre très fort contre lui en murmurant :-« j’ai eu peur que tu ne reviennes pas …il est si beau ! »

-« tu as vu Mihiel ? »

-«  oui comme je te vois , il a du sentir ma crainte car il m’a souri juste avant le balancement qui t’a ramenée et…il s’est comme effacé » !

Un roucoulement de colombe .un froufroutement d’ailes…elle traverse le ciel en frôlant la cime des arbres au dessus de nous presque au ralenti puis s’élève et …disparaît . Nous restons longtemps dans la brise du soir et revenons à pas lents en nous donnant la main sous le charme de cette rencontre surprenante .

  Pourquoi ai-je la sensation que nous allons apprendre encore bien des choses, ce n’est pas pour rien que nous venons de vivre cela , Jean pense comme moi ! Grand’mère nous attend sous la tonnelle de l’églantier ; le crépuscule arrive ; nous nous asseyons ; le silence dans la paix du soir  n’est pas comme d’habitude.

Elle répond enfin à mes interrogations d’enfant !

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3 mai 2009

Retour

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Je retourne au pays avec Jean mon mari en Septembre mil neuf cent cinquante trois….il y a dix ans j’en repartais l’âme chavirée . Philibert mon grand-père a rejoint –« les prairies célestes ». Grand’mère Angèle nous accueille à bras ouvert en compagnie de Francoeur le chien .

Le lendemain de notre arrivée , dans la matinée  j’entraîne Jean en balade .

Dans le sac que nous emportons grand’mère glisse le faucillon de grand père…elle ne dit rien… c’est sa façon de me faire comprendre qu’elle sait le but de notre promenade…pourtant , je ne lui ai rien dit…complicité de femmes ! Chemin faisant je raconte a Jean l’ histoire du Moulin de l’Embellie ainsi que ma rencontre avec ses habitants , et l’ immense chagrin qui m’a submergé.

Les quatre Chênes montent toujours la garde à l’orée des chemins , ils sont encore plus imposant que dans mon souvenir.

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Le sentier menant à l’Embellie disparaît  sous les herbes folles les haies prennent toute la place. Les orties sont presque géantes et nous piquent cruellement . Avec le faucillon Jean trace un passage , nous avançons difficilement ; au fur et à mesure de notre progression les bruits de la nature s’estompent .-

« J’ai l’impression , de passer le seuil d’ un autre monde depuis que j’ai commencé à faire le passage » me dit il , je suis de son avis , retrouvant la vibration étrange qui m’avait saisie lors de ma venue avec Madeleine .

    Les ronciers sont –« monstrueux »; pas un souffle d’air dans cette pénombre verte….Enfin par une trouée le ciel apparaît…quelques coups de faucille…nous fermons les yeux éblouit par la clarté ; les ouvrant…nous sommes au bord du ciel !

En contre bas du lieu où nous sommes , la clairière baigne dans la même brume ensoleillée ! La maison disparaît sous la clématite qui s’est appropriée la roue à eau entièrement , et chevauche la toiture . Un églantier planté prés du porche lui tient compagnie . La source ne chante plus..

CLEMATITE

2 mai 2009

Une page se tourne

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Avec eux pas de questions ..simplement un accueil tout en tendresse ; rassurée par la confiance dont ils font preuve à mon égard , au bout de deux ou trois jours ….j’ose parler de ce chagrin, de toutes ces interrogations qui me font si mal .

-« Laisse couler tes larmes petite tu as le droit de pleurer ; après tu te sentiras mieux ». En effet épuisée par les sanglots je me suis endormie jusqu’au matin . Le lendemain …plus de fièvre .

         Tous les deux m’expliques que je pourrais dans quelques temps savoir le fin mot de histoire…

Cela me rassure qu’ils ne mettent pas ma parole en doute…Tranquillisée, confiante ,je reviens à la maison ; à nouveaux je reprends livres et cahiers avec plaisir  , non plus pour m’empêcher de penser. mais pour apprendre découvrir , aller de l’avant !

   Lorsque le souvenir de ceux de l’ Embellie monte en moi je n’éprouve plus ce sentiment de désespoir qui m’a tant fait souffrir et aurait pu me détruire si des adultes sensibles attentifs n’avait prit le soin de me dire qu’ils me croyaient tout simplement .Je sais bien que Philibert et Angèle ont été désemparés .

Je me souviens de leur réaction vis-à-vis de Madeleine…moi je ne voulais que leur faire partager la joie  d’avoir découvert le Moulin de l’Embellie et ses habitants . Je ne leur en veux pas , j’ai mûris un peu plus vite que les filles de mon âge ,c’est tout.

Mais que ça fait mal de ne pas être compris .

Le secret de l’Embellie ?..car il y en a un , j’en suis certaine…me sera donné , sans que je pose de questions lorsque je serais prête à le connaître !

Je reviens a Chantalouette , l’année suivante. Pendant quelques jours ; au fond de moi j’espère que quelqu’un parlera de l’Embellie , mais personne n’y fait allusion je comprends que le bon moment n’est pas encore arrivé .

Il en est de même les deux années suivantes. Cette année là mon père est hospitalisé . J’ignore que je ne reverrai Chantalouette que des années plus tard . Malgré cela je n’oublies pas ….c’est comme si une petite part de moi  veillait la bas.

Je suis la première surprise de ma patience .

J’attends , et espère .

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