Famille
Puis c’est à leur tour ….Madeleine commence par l’homme si beau il se nomme : -« Mihiel » c’est l’époux de Yonah…leur bébé Solange…Jean qui a mon âge le frère de Mihiel , Marie et Justine les petites sœurs de Yonah . Ils sont rayonnants de sagesse pour des enfants aussi jeunes. Regards bleus ou sombres … une brune une blonde … Jean a la même chevelure que son frère.
Timidement nous nous donnons la main et comme tous les enfants du monde nous rions heureux d’être ensemble ,tout simplement ,et il fait si beau . Aimablement ils nous invitent à entrer.
Sous l’auvent , une volée de marches en pierres usées nous mène dans une grande pièce aux murs chaulés de blanc . Une longue table escortée de deux bancs… la cheminée profonde occupe tout un pan de mur avec le-« potager » Face à ces dernier une « maie » sur laquelle trône un magnifique chandelier à sept branches…je n’en ai jamais vu de si beau , il brille comme un soleil contre le mur ombré ! La fenêtre est grande ouverte sur le ciel d’été et sur la cime des arbres. La clématite audacieuse est en visiteuse ses fleurs bleues chatoient sur le rebord de pierre de la fenêtre….ça sent bon la pomme et l’herbe coupée , on est bien !
Madeleine sort de son panier une miche de pain des fruits ,deux pots de confiture faites maison….un peu de chocolat que les enfants regardent avec envie….c’est une friandise si rare.. !
Le temps est vite passé , nous devons repartir….
En redescendant , je vois dans la remise , un cadre de bois dont on se sert pour faire les couvertures piquées des corbeilles remplies de laine cardée , un rouet et sa quenouille coiffée de la même toison ! Tout cela s’imprime en moi .
Dehors , Mihiel saisit le violon posé sur un tabouret que je n’ai pas remarqué en arrivant.
L’archet glisse doucement sur les cordes de ce dernier entre les doigts du musicien c’est l’enchantement ! Je n’ai jamais oublié . Tous nous accompagnent au pied du talus . Nous nous embrassons. Un émoi inconnu que je ne connais pas me serre la gorge . Je les regarde intensément : Yonah , Mihiel….les petits , sans savoir pourquoi…je ne les connais pas….une vague de chagrin immense me submerge , les larmes roulent sur mes joues . Ils sont presque irréels dans le soleil ; le violon chante sous les doigts de Mihiel , tout est au ralenti comme hors du temps….- « Allez viens ,il se fait tard » . A regret je suis Madeleine ; nous ne parlons pas...Le chemin du retour me semble bien long .